Jeux de la Vie: Parallèles entre le Comportement Animal et Humain
Le comportement animal et humain ne diffère que peu, si l’on exclut le jeu… L’évolution de chacun dépend en grande partie de sa manière de jouer. Dans la vie, il y a ceux qui ont un petit appétit et ceux qui ont un gros appétit. Certains se mettent au régime, tandis que d’autres apprécient trop la bonne chair. Il y a ceux qui ont des envies, ceux qui n’en veulent plus, ceux qui n’ont plus d’envies, et ceux qui se laissent entraîner. Entre ces extrêmes, il y a nous, peut-être.
Mais n’avez-vous pas envie de découvrir de nouveaux goûts ?
Lorsqu’on observe les enfants et leur manière d’agir, on ne peut s’empêcher de penser à nos amies les bêtes. Le jeu est une façon de percevoir la vie, de la saisir, un développement très particulier et une relation qui peut nous coûter « très cher » si l’on n’y prend pas garde. Une relation avec un objet ou une personne peut devenir une passion à laquelle on peut s’attacher très rapidement.
Mais tout cela a commencé il y a bien longtemps, à une époque où nous étions encore des animaux.
De nombreux auteurs ont abordé ce sujet, parmi lesquels Boris Cyrulnik (éthologiste et psychiatre), John A. Byers (biologiste), Tim Caro (éthologiste), Jane Goodall (primatologue), Konrad Lorenz… On peut encore l’observer en prenant le temps d’observer, comme ces ours qui descendent en ville pour s’amuser avec les chiens.
On peut noter que les jeunes animaux sont bien plus créatifs que les adultes. Ils ne connaissent pas leur monde, n’ayant donc aucun automatisme, ils imaginent ce qu’ils voudraient qu’il soit.
Le Jeu, un Entraînement Crucial à la Vie
Parfois, les jeunes arrivants se fatiguent tellement en jouant qu’ils deviennent vulnérables aux prédateurs, dont l’observation ne leur aura pas échappé. Une inconscience dont le coût à payer est la mort.
Les bouquetins, de même, adoptent cette approche avec leurs petits, incitant les plus paresseux à risquer leur vie à chaque instant, à s’adapter à un environnement qui semble hostile mais qui les protégera.
Les mères ne poussent pas leurs petits de manière inconsciente, mais comprennent qu’elles devront un jour se séparer de leur progéniture. Même si en apparence ce lien maternel peut sembler superficiel, peut-être est-il plus fort que le nôtre. Elles agissent ainsi car la survie de leur descendance en dépendra. Même si la douleur qu’elles ressentent à la perte d’un jeune ne se manifeste pas aussi visiblement que chez nous, elles ressentiront sans doute une profonde tristesse lorsqu’un petit viendra à tomber !
Ce terrain de jeu évoluera progressivement en un terrain d’apprentissage, devenant ultimement un lieu de vie.
Le jeu permet le développement d’une habileté exceptionnelle dans ce type d’environnement, crucial puisqu’il faudra ensuite acquérir un territoire ou un statut au sein de la société.
À travers le jeu, les jeunes apprennent les règles. Dans notre cas, allons-nous continuer à jouer à l’âge adulte, perpétuant les mêmes habitudes instaurées dans notre enfance ?
Les jeux auxquels s’adonnent les animaux reflètent leur future vie ; le renard aura tendance à jouer en solitaire, contrairement aux chiens sauvages qui chassent en groupe.
Ne retrouvons-nous pas ce type d’attitude chez les enfants ?
Tous les jeux semblent être bien codifiés, dépourvus de la violence d’un combat réel, mais ils servent néanmoins d’initiation. Le gémissement d’un des joueurs suffit à mettre fin au simulacre de combat. On peut même noter des signes de plaisir évidents, tels que la bouche entrouverte et détendue… Toutes ces manifestations, ces comportements, éclairent sur l’intention de l’animal.
Le jeu, en ritualisant les interactions et en canalisant l’agressivité, sert de socle essentiel à la société animale. En l’absence de rituel, l’agressivité prendrait le dessus. Les modèles de jeu émanent des gestes parentaux, observables dans toutes les sociétés animales organisées. Les choix ludiques préfigurent la vie future, orientant déjà les individus vers certaines voies. Les jeunes primates, par des offrandes et des jeux, apprennent à se sexualiser, instaurant des rituels préalables à l’accouplement. Le jeu permet la découverte du corps et favorise une certaine immunité sociale chez les jeunes singes, tolérés par les adultes malgré leurs écarts. En rendant l’individu plus social et adaptable, le jeu constitue une étape vers la liberté, offrant une évasion du réel. Cependant, chez les reptiles et amphibiens au cerveau primitif, le jeu est moins présent.
Le Jeu : Une Exploration Ludique au-delà des Fonctions Primaires chez les Animaux
Dès que certaines espèces se libèrent de leurs fonctions primaires telles que la recherche de nourriture ou la reproduction, le jeu émerge naturellement. De nombreux animaux jouent davantage pendant la saison des pluies, où la nourriture abonde et se procure facilement. Les reptiles et les amphibiens, privés de cette liberté, demeurent assujettis aux conditions climatiques, cherchant refuge sous terre pendant l’hiver. Les animaux à sang chaud échappent à cette contrainte.
À travers le jeu et le rêve, les animaux réinventent-ils leur monde, de manière similaire à nous ?
Des scènes étonnantes, telles qu’un lapin nain poursuivant et mordant un berger allemand, illustrent des jeux qui défient les attentes. Les observateurs attentifs comprennent les émotions animales, que ce soit la joie, la peur, l’incompréhension ou la tristesse, révélées dans leurs yeux.
L’absence de jeu, ou des jeux morbides, peut préfigurer des troubles ou pathologies graves chez les animaux, signalant des problèmes à venir. Une observation approfondie peut révéler ces signes de manière surprenante.
Réflexions sur la Nature Humaine et Animale : Entre Prédispositions et Équilibre Naturel
Un adulte en proie à la maladie se trouve dans l’incapacité de transmettre un savoir, une réalité que l’on observe chez les jeunes chimpanzés qui, lorsqu’ils sombrent dans une attitude dépressive, cessent de jouer.
Les autistes, par leur jeu centré sur eux-mêmes, révèlent une incapacité à développer des relations interpersonnelles par le biais des jeux.
En abordant le règne animal, il serait erroné de le catégoriser comme bon ou mauvais. La mère apprend à son petit les savoirs nécessaires à sa survie, avec des différences liées à des prédispositions, comme chez les êtres humains. Ces prédispositions peuvent s’exprimer de manière combative, hargneuse, paisible, ou les deux à la fois. Ce ne sont pas des traits de caractère intrinsèquement bons ou mauvais, mais des expressions adaptatives.
Affirmer que notre côté animal se réveille lors d’actes répréhensibles est fallacieux, car l’animal n’est ni meilleur ni pire que nous. Leurs comportements, bien que similaires aux nôtres, sont dénués de la complexité que notre couche encéphalique apporte. Les rituels sexuels ou les résolutions de conflits diffèrent selon les espèces, dévoilant une intimité brute, dépourvue de couches successives.
L’animal, bien qu’enfermé dans sa génétique et sa condition, offre une perspective sur la simplicité de son comportement, dénuée de capacités d’abstraction et de fabrication d’outils complexes, avant tout héritage de notre technologie et pensée.